20 oct. 2010

Bill, bulles, calva, tabarnac'

Exercice live (le temps d'une soirée) sur VosEcrits.com
Thème : "gaz", contraintes : 5 apocopes, 5 aphérèses


- Tabarnac'... 'chier, maudite marde !

- Oh ça va, hé ! Restez poli nom de Dieu !

- Toi ta yeule, osti !



Bill a bu. Beaucoup. Bill cuve des bulles.

Il se sent sale. D'ailleurs il est sale. Ah, maudite minette, que ne lui aurais-tu au moins laissé prendre une douche avant de le flanquer à la porte !
Bill ne sait pas ce qu'il désire le plus : un triple calva ou un bon bain chaud ? Un bain avec un calva, peut-être ? Une mousse savon Le Chat et dedans sa minette en prime, une bouteille dans chaque main ?
- Ah, la salope ! pensa Bill.
D'ailleurs sa pensée était un peu bête, si elle ne l'avait pas sacré dehors il n'aurait pas besoin de calva. Mais on est toujours un peu bête quand on a bu trop de calva, et du mauvais en plus, pas du calva normand, mais une parodie de viticulture ricaine, à l'appellation trafiquée autant que le liquide. C'est pas toujours évident de savourer un bon alcool français dans un bouge canadien.
Enfin je suppose, je ne suis jamais allé au Canada. Si c'est pour voir Bill dans cet état, ça vaut pas le coup.



La porte s'ouvre. Avec fracas : coup de pied. Un grand type ventru des bras entre avec une démarche de cowboy.

- Dis donc, blanc bec, c'est toi qui calisse ma blonde ?
Sa blonde ? Tout s'explique : la minette rôde après deux matous. Et donc, ça sent le gaz. Mais la tête de Bill est enfoncée trop profondément dans son cul pour capter.
- Eh dis donc, toi le gros niaiseux, 'stu crois ? T'crois t'm'fais peur ?
- Écoute tête de pioche, je te laisse deux secondes pour t'excuser ou je m'en vais te fesser à gros coups de jambon.
Disant ça, le type secouait vigoureusement le gras de ses bras.
Bill, dans un élan d'anti-lucidité parfaite, se rue alors sur l'homme et, d'une façon aussi improvisée qu'inadaptée, lui saute dessus comme si le simple fait de sauter allait faire de lui un champion du monde de boxe toutes catégories. Et puis sauter ça secoue, Bill s'accroche maladroitement au cou gras du gars, son estomac fait un aller-retour, il réprime un hoquet nauséeux, finalement c'est par derrière que ça sort.
- Ma parole, mais il m'a pété à la yeule ce p'tit crisse ! J'vais te faire avaler le lino moi, tu vas voir !



Bill ne voit plus rien. Il a mal a une dent, n'est pas sûr qu'elle est encore là. Tanné, le gros type a pris l'objet le plus proche, sur le bar : la bouteille de Bill. Il frappe trois coups : triple calva. Chicane, la bouteille se brise, Bill a du verre dans l'oreille, il n'entend pas le tavernier qui peste, le gros type qui éructe, une mémé qui hurle au scandale. Pogné. Il regarde autour de lui, le gros type a des santiags écarlates aux pieds, les pieds de table sont en plastoc.
Comme cette vie, c'est du toc.
Et tant pis pour le bain.

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