8 avr. 2009

Courte lignes (Antonin & Biscotte)

B - Hé Antonin !
A - Quoi, Biscotte ?
B - Tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé. Mais alors, jamais.
A - Sûrement.
B - Je te jure, tu ne vas pas me croire.
A - Je te crois.
B - Ha ! Ha ! Ce que t’es drôle toi alors !
A - Oui.
B - Bon je raconte. Figure-toi que hier au soir Martine me téléphone, complètement affolée, parce que son chat avait disparu. Et bien tu me crois si tu veux, mais le fils Crémieux… tu sais le fils Crémieux ? (un temps) Le fils Crémieux, le voisin d’Isabelle ? (un temps) En face de la pharmacie Mauger ?
A - Oui, oui, le fils Crémieux, je sais.
B - La pharmacie Mauger dont la caissière brune a eu une aventure avec le fils aîné du pâtissier de la rue Saint…
A - Je sais.
B - Oh. (un temps) Et bien figure-toi que le fils Crémieux - qui en pince pour Martine si tu savais ! - et bien figure-toi que le fils Crémieux lui en a acheté un autre !
A - Un autre ?
B - Oui !
A - Un autre quoi ?
B - Mais, un autre chat !
A - Ah !
B - Suis un peu, voyons !
A - Tu es gentille.
B - Non parce que, je ne veux pas dire de mal, mais des fois on dirait vraiment que t’es ailleurs, comme un bananier dans un champ de potirons.
A - Gentille.
B - C’est un angora. Il est trognon, si tu savais, un vrai petit amour ! Et bien Martine tu sais ce qu’elle a fait ? Tu sais pas ce qu’elle a fait ?
A - Non.
B - Et bien elle l’a mis à la porte !
A - Le chat ?
B - Mais non - ce que tu es sot ! - le fils Crémieux bien sûr ! Pas plus tard que ce matin : il se fait beau, bien coiffé, habillé chic, tout impeccable, frappe à la porte, se fait ouvrir, sourit comme un gros niais, bredouille deux trois syllabes, rougit, s’excuse, tend le chat à Martine et s’enfuit en courant. Le pauvre chou !
A - Oui enfin, vois-tu, on n’appelle pas ça se faire mettre à la porte, Biscotte.
B - Mais si, parce qu’en fait il était entré, et Martine tellement qu’elle était rigide ça l’a mis tout mal à l’aise. C’est sa froideur qui l’a mis à la porte.
A - Ah.
B - Eh oui, c’est pourtant pas compliqué.
A - Non, évidemment.
B - Ah là là, des fois Antonin tu m’inquiètes, t’es vraiment comme une pomme de terre sautée dans une rôtisserie.
A - Ouais. Et le chat ?
B - Le chat ? Oh ben j’en sais rien, il faudrait que je téléphone à Martine.
A - Tant mieux, fais donc.
B - Mais je crois avoir entendu la nièce de la poissonnière dire à Monsieur Dumas que vers quatorze heures trente Martine s’était rendue au marché pour acheter du thon. C’était peut-être pour nourrir le chat ?
A - Probablement.
B - Oui parce que je sais de source sûre que Martine n’est pas très thon, donc ce ne pouvait être que pour le chat.
A - C’est certain.
B - Ou alors elle a invité Sylvia à dîner. Parce que Sylvia, elle, elle aime le thon, oh que oui, et c’est de notoriété publique, hein ?
A - Possible.
B - (un temps) Ou alors c’est Mariette ? Je ne sais plus, c’est Mariette ou Sylvia qui adore le thon ?
A - Miaou.
B - Oh, arrête, hein, c’est une question très sérieuse. Imagine qu’on invite Sylvia à dîner et que c’est Mariette qui aime le thon, on aura l’air malin si on ne sait pas ! Qu’est-ce qu’il faut que j’achète, moi ? Et si alors on invite Mariette en supposant que c’est bel et bien elle qui aime le thon mais qu’en fait finalement c’était Sylvia, de quoi j’ai l’air, moi Biscotte ?
A - Invite les deux et on en parle plus. Ou prends du hareng, pour changer.
B - Hé ! Tu sais que c’est une super idée ? Le changement, c’est une bonne chose. C’est ce que je dis toujours a une copine qui s’est faite larguer : va chez le coiffeur.
A - Soit. Et le chat ?
B - Quel chat ?


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Saynète mise en vidéo en mars 2011 avec Défi Ciné pour Kino Session #27
Avec Mathilde Faure & Edouard Pacaud

 

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